Hradacany

Wilfrid Almendra, Eric Baudart, Karina Bisch, Yannick Boulot, Valentin Carron, Nicolas Chardon, Delphine Coindet, David Cousinard, Philippe Decrauzat, Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Sarah Fauguet, Patrice Gaillard et Claude, David Januel, Vincent Lamouroux, Genêt Mayor, Damien Mazières, Mathieu Mercier, Gyan Panchal, Julien Pelloux, Mai-Thu Perret, Caroline Pradal, Lili Reynaud-Dewar, Clément Rodzielski, Bojan Sarcevic, Olivier Sévère, Thu Van Tran.
Exposition à La Générale.
Vernissage le 24 février 2006
Hradacany présente le travail de vingt-huit artistes travaillant dans différents contextes, et apparus sur la scène artistique ces dernières années. Elle est présentée dans la Galerie de La Générale, une ancienne usine située dans le quartier de Belleville et qui, après de multiples transformations, est aujourd’hui devenue un espace de vie, de travail et de présentation ouvert à différents territoires, et placé sous la responsabilité d’un groupe d’artistes qui en ont décidé l’occupation.
Mêlant œuvres existantes et productions spécifiques, l’exposition met en scène un ensemble de formes au statut suspendu, travaillant différentes strates de temps, de matériaux et de registres de présentation.
Reliant des référents paradoxaux, des temporalités divergentes, parfois même opposées ou parallèles, ces oeuvres suggèrent, à différents niveaux, un usage possible. Pourtant, leur sens se dérobe dès lors que l’on envisage de les réduire à une quelconque fonctionnalité. Dérivations, mises en boucles, elles déjouent toute tentative de les fixer à un cadre immédiat. Chacune des œuvres apparaît comme l’accumulation, la matérialisation de données informées et transformées. Articulations d’histoires multiples, elles travaillent au maquillage de leur appréhension immédiate pour préférer, en lieu et place d’un simple détournement, une forme de déguisement. Elles actionnent en quelque sorte une « roue du temps fictive » où « les passés lointains rejoignent les futurs lointains ».
En réponse à ce brouillage, la forme de l’exposition elle-même se présente comme l’agglomération de différents modèles, et non pas la simple mise en scène d’une fiction de collection. Au contraire, juxtaposant les modèles, jouant « d’ordres désintégrateurs », tentatives d’inventaires et de classements chaotiques, l’exposition propose des hypothèses de lecture irrésolues. Chacune des huit sections de l’exposition prend pour titre un préfixe utilisé pour la datation : Ante, Circa, Hyper, Neo, Post, Pre, Proto, Ultra. Suggérant des ensembles, une chronologie, des strates, des points temporels, une généalogie, ces cadres se confrontent aux antagonismes internes des oeuvres, qui excèdent ces tentatives de classifications. Les lignes de fuites et les intensités que véhiculent les objets se confrontent aux classements qui suggèrent autant de communautés de formes et d’évolutions linéaires ; elles y répondent et les remettent en jeu en les faisant imploser.
C’est un schéma théorique – les œuvres étant toutes datées du début du XXIe siècle – auquel répond un accrochage « en suspens », image matérielle d’une organisation mentale en forme de mandala. En effet chacun des éléments de l’exposition trouve sa place sur l’échiquier du projet, et il suffit d’en déplacer l’optique pour que le jeu se reconfigure à l’infini, proposant autant d’hypothèses de classement que de possibilités de mise en regard. Hradacany apparaît dès lors comme une exposition en miroirs : œuvres en reflet, objets détournant le regard, « transformateurs ». Chronologies doubles, irréconciliables, combinatoires. Opposition de temporalités, dissociations, stratégies d’interprétations temporaires, impasses et mises en scène, mises en mouvement.
Une proposition d'Alice Barbaza, Yann Chateigné, David Cousinard et Thu Van Tran